Il y a quelques jours, Deblock présentait la première solution bancaire rassemblant compte euro ET wallet crypto, lancée par des anciens de Revolut et Ledger.
La Gazette qui pèze a pu s’entretenir avec Jean Meyer, son CEO. Il nous dévoile la philosophie et les plans à moyen terme de cette banque en pointe qui veut révolutionner le secteur.
Retrouvez ci-dessous la version longue de cet entretien, paru dans l'édition du 18 avril 2024 de "GO !”, anciennement “La Gazette qui Pèze".
Après 1 an et demi de développement, ou est en Deblock ?
GO ! : Vous avez levé 12 millions d’euros et sortez d’un an et demi de recherche et développement, expliquez-nous ce qui en sort ?
Jean Meyer : Deblock est le seul compte courant qui intègre un portefeuille crypto (dont nous n’avons pas la clef) et qui vous permet de déposer, retirer, dépenser et échanger vos Euros ou vos Cryptos sans limite.
Vous avez un IBAN français, tous les moyens de paiement FIAT classiques d’un compte courant, et vous pouvez l’alimenter en cryptos.
On veut faire le meilleur du Web 2 et le meilleur du Web3 grâce à une “ramp” qui permet de passer du wallet crypto au compte directement dans l’appli.
Si on regarde l’écosystème bancaire aujourd’hui, il y a les banques “legacy” c’est-à-dire les Société Générale, BNP Paribas & co - qui sont toujours un peu à la traîne, même si elles ont des offres comme Fortuneo et Boursobank - et les néobanques comme Revolut ou N26.
Nous, on se positionne du côté des néobanques (on vient tous de Revolut, on sait comment ça marche !) gratuites. On a une liberté parce qu’on est membres direct de Visa, ce qui nous permet de faire des cartes uniques et d’offrir une expérience complètement illimitée.
Je n’ai pas envie de nous vendre comme une expérience de trading. Si tu veux t'exposer à ça, il y a Binance ou Coinbase. Nous, on apporte une expérience bancaire nouvelle avec un compte courant qui permet de s’exposer aux cryptos de la manière la plus sécurisée au monde : si demain Deblock disparaissait, tes cryptos seront safe.
Il n’y a pas de situation à la FTX possible chez nous (rapport à la la retentissante faillite américaine, ndlr) parce que c’est un crypto wallet. Si tu as envie d’avoir un lien direct entre ton compte courant et tes cryptos de la manière la plus sécurisée possible, aujourd’hui il n’existe que la solution Deblock.
Parce que si demain tu veux aller acheter des cryptos depuis ton compte Société générale et commencer à transférer des fonds vers Coinbase ou Binance, ton conseiller va t’appeler et te dire “Les 6000 balles que tu as mis là-bas, il faut qu’on en discute.”
Et de la même manière, si tu veux ramener tes cryptos vers ton compte courant, bonne chance ! Pour nous, il n’y a pas de limite et si tu veux payer ton loyer ou t’acheter un appart avec tes cryptos, il n’y aura pas de problème chez nous !
GO ! : Vous mettez surtout la praticité en avant ?
Jean Meyer : Oui, c’est la facilité : le fait qu’il n’y ait qu’à appuyer sur un bouton directement de ton compte en banque pour acheter des bitcoins, mine de rien, c’est une valeur infinie.
Le fait qu’il y ait un crypto wallet fait qu’on éduque en même temps : ça va vite devenir philosophique, mais le problème des cryptos, ces dix dernières années, est qu’on a l’impression de n’être en face que d’un actif purement spéculatif.
Les détracteurs du Bitcoin le vendent d’ailleurs comme ça et ils n’ont pas complètement tort, car dans 99% des cas les gens se mettent à la crypto parce qu’ils veulent devenir riche.
Mais, pour moi, la crypto représente deux choses hyper intéressantes, si on met de côté l’aspect spéculatif et qu’on regarde purement le côté technologique :
1/ C’est l’aspect des virements internationaux : aujourd’hui, si tu veux envoyer 50 euros à Lima, au Pérou, il y a une table de routing SWIFT qui va faire passer l’argent par une banque suisse, qui va elle-même passer par une banque américaine qui va passer par une banque mexicaine… qui va arriver à Lima et à chaque fois la banque va prélever une fee (commission) ou va peut-être arrêter le paiement donc ça prend du temps et c’est cher.
Aujourd’hui, c’est l’état de l’art des paiements FIAT internationaux. Le fait que n’importe qui, avec une clef privée ou publique, à Lima, puisse m’envoyer et recevoir des stable coins sans intermédiaire financier, cela marque une vraie évolution en termes d’utilité sociale !
2/ On peut également penser aux 2,5 milliards de personnes qui n’ont pas accès à un compte bancaire, notamment dans les pays émergents et qui, maintenant, grâce à un téléphone, peuvent envoyer de l’argent instantanément et n’importe où dans le monde.
En termes de révolution technologique et financière, il y a un autre sujet : si les plus gros porteurs de cryptos sont au Nigéria ou en Inde, ça n’est pas pour rien : la crypto va conquérir le monde, c’est certain.
Est-ce que ça arrivera dans cinq ans ou dans vingt ans, je n’en sais rien, mais juste à cause des pays émergents et des 1,5 milliards de personnes en Inde ou 700 millions au Nigéria qui vont utiliser les cryptos tous les jours et ne payer que comme ça, oui ça va arriver. C’est une évidence.
GO ! : Vous annoncez que l’argent des comptes courants sera “déposé dans des banques agréées”, comment savoir ce qui est fait de cet argent (on n’aime pas qu’il finance un pipeline en Ouganda, par exemple) ?
Jean Meyer : Il ne sert à rien car il est déposé dans des “comptes de cantonnement” donc on n’achète pas de la dette, on investit nulle part.
On a des obligations régulatoires qui font que l’argent est bloqué et ne sert à rien, ce qui est dommage, d’ailleurs. J’aimerais bien qu’on ait un agrément d’institution de crédit pour pouvoir faire du 5%, comme tout le monde, mais en fait il ne sert à rien !
Les prochaines étapes pour Deblock
On va être les premiers et les seuls à te laisser choisir ton IBAN. Des chiffres et des lettres dans la limite de 11 signes.
GO ! : Vous venez de lever 12 millions d’euros pour vous lancer, quelles vont être les prochaines étapes ?
Jean Meyer : L’étape 1, ça va être de faire une levée en Série A assez vite, qui devrait commencer en septembre, parce que notre premier but et d’aller chercher un agrément d’institution de crédit.
Aujourd’hui, dans l’écosystème crypto, toutes les boîtes qui se montent en crypto ou en web 3, qu’elles aient un enregistrement à l’AMF ou pas, ont énormément de problèmes pour trouver une banque partenaire.
Ce qu’on veut faire, c’est pouvoir proposer des prêts (et aussi éventuellement des prêts avec des actifs numériques derrière, en collatéral) et devenir la banque des boîtes crypto parce qu’on est on chain, qu’on regarde la blockchain, qu’on sait ce qu’il s’y passe.
L’étape 2 sera de développer l’offre BtoB, c’est-à-dire des comptes professionnels pour pouvoir enfin “banquer” les boîtes crypto qui ne trouvent pas de partenaire bancaire.
On est assez bons sur les polices internes et on l’a démontré, sinon on n’aurait pas eu si vite l’agrément Banque de France et l’enregistrement auprès de l’AMF, mais il faut de l’argent car les besoins en fonds propres sont très clairs, donc pour ça il faut qu’on lève.
Le but est de pouvoir être prêts fin 2024. Pour l’agrément il faut au moins douze mois, donc on va viser fin 2025 pour l’obtenir et viser l’extension européenne.
GO ! : Une petite exclu pour nos investisseurs ?
Jean Meyer : Ah oui, on va être les premiers et les seuls à te laisser choisir ton IBAN personnalisé. Si tu veux mettre GREGORY au milieu de ton IBAN, ça sera possible.
Des lettres et des chiffres dans la limite de onze caractères, tu mets ce que tu veux ! C’est déjà développé, on va sortir ça très vite !